La folle histoire du glyphosate

Avec 800 000 tonnes déversées chaque année sur nos champs et espaces verts, le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé sur la planète. Popularisé par Monsanto sous la forme du Roundup, il fait aujourd’hui débat. Mais qu’en est-il vraiment de sa dangerosité ?

 
 
 

Un succès formidable

Dans les années 70, la firme américaine Monsanto dépose un brevet pour le Roundup, un désherbant contenant 40% de glyphosate. A l’époque, la découverte sonne comme un miracle pour bon nombre d’agriculteurs. Pour un coût dérisoire, ils vont pouvoir se débarrasser des mauvaise herbes qui endommagent leur récolte. Petit à petit, tout le monde s’y met, car les économies promises par la molécule sont sensationnelles.  Et la mayonnaise va prendre très vite. En près de 30 ans, le roundup se retrouve partout, même chez les particuliers, qui s’en servent pour entretenir leur jardin. 

C’est que Monsanto a réussi à rendre son produit indispensable. La firme s’est en effet lancée dans la production d’OGM (organismes génétiquement modifiés) “roundup ready”, pouvant supporter des épandages monstres de glyphosates, donnant ainsi naissance à des champs dépourvus de mauvaise herbe. Certains pays ont d’ailleurs choisi ce stratagème pour le développement de leur agriculture industrielle. En Argentine, 60 % du soja cultivé est transgénique. Et comme il est “roundup ready”, il est arrosé de plus de 240 millions de litres d’herbicide chaque année.  Pour certains, l'idée est bonne, car elle permet de produire de façon intensive et économique.  Mais le glyphosate ne tue pas seulement les mauvaise herbes, il s’attaque à tous les êtres vivants.

 
 
 

Aux effets secondaires avérés

En mars 2015 , un groupe de 17 experts indépendants décident d’éplucher toute la littérature scientifique associée au glyphosate. Le constat est sans appel. La molécule est très probablement cancérogène pour les humains et les animaux.

Évidemment Monsanto réfute et tire à boulets rouges. Cette évaluation ne serait que de la pseudo science. Les chiffres parlent pourtant d’eux-même.

En Argentine par exemple, le nombre de malformations congénitales a doublé près des zones d’épandage. Le nombre de lymphomes a triplé. Au Sri Lanka, près de 20 000 agriculteurs sont morts suite à des problèmes rénaux incontestablement liés au glyphosate. Si incontestablement liés que le pays a fini par interdire son utilisation. Les animaux ne sont pas épargnés non plus. Au Danemark, le bétail nourri au soja transgénique souffre également de malformation. Certains éleveurs ont remonté des cas sordides, dignes d’un mauvais roman de science fiction, comme des cochons à deux têtes ou à trois pattes. 

 
 
 
 

Mais peut-on vraiment s'en passer ? Et si oui, comment ?

On sait donc aujourd’hui avec quasi certitude que le glyphosate a des effets secondaires. Cependant, il est encore présent partout dans le monde, et notamment dans l’Union Européenne, qui doit voter aujourd'hui (le 27 novembre) un renouvellement de son utilisation pour trois ans. Pourquoi n’a-t-il pas été interdit jusqu'à présent ?

La réponse facile (et en partie vraie), c’est que des puissants lobbies au service du “grand méchant loup” Monsanto retardent l’échéance. À coups d’études controversées, et d’enfumages caractérisés.

La réponse plus réaliste, c’est qu’on est pas encore en mesure de s’en passer. Le modèle d’agriculture intensive, qui nous permet d’acheter nos fruits, légumes, et viande à des prix si bas, s’appuie sur l’utilisation de désherbants. Le temps que les agriculteurs ne passent pas à arracher les mauvaise herbes, c’est du pouvoir d’achat que l’on gagne à la fin du mois. 

Les agriculteurs ne sont par ailleurs pas les seuls concernés. On estime qu’une interdiction du désherbant coûterait près d’un demi milliard d’euros à la SNCF, qui devrait utiliser d’autres techniques pour nettoyer ses voies. Et cette fois encore, ce sont les consommateurs qui paieront la facture si le roundup disparaît.

Mais alors que faire à notre échelle ? En attendant que le glyphosate soit définitivement interdit, (et espérons que ce soit le cas), on n’est pas complètement démuni.

La solution, c’est de s’orienter dès que possible vers des produits issus de l’agriculture bio ou raisonnée. Ils sont cultivés sans ajout de pesticides ou d’herbicides. Alors on paiera plus cher oui, mais on fera du bien à notre santé, et cela ça n’a pas de prix. 

 

Sources  

RTL : Glyphosate, une interdiction coûterait 500 millions d’euros à la SNCF 

Arte : Le roundup face à ses juges 

 

 
 
   
   
 
 

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