À petit feu, la culture du maïs ravage l’un des plus beaux golfes du monde.

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale du popcorn. Pour l’occasion, Rutabaga se penche sur la culture intensive du maïs au pays du cinéma. Cette agriculture industrielle fait des ravages sur le Golfe du Mexique, et a contribué à créer une zone morte grande comme deux fois la Belgique. Reportage le long du Mississipi.

 
 
 

L’état des lieux

Un petit coin de paradis. C’est ce qu’était le golfe du Mexique avant les années 70. Entre les coraux multicolores, toutes les espèces de poisson pullulaient, offrant du travail au pêcheur, et du plaisir aux plongeurs. Sauf que depuis près de 50 ans, l’agriculture industrielle du maïs est passée par là. Pour maintenir un cap de production surréaliste, les agriculteurs de Louisiane et du Texas se sont mis aux fertilisants et aux pesticides, à coups de deux épandages massifs par an. Dès lors, ce sont les sols qui récupèrent les nitrates et les phosphates contenus dans ces engrais chimiques. Puis vient le tour de l’eau, qui transporte ce petit monde jusque au Mississipi, fleuve qui finit par se jeter dans le Golfe du Mexique. À l’arrivée, la mer se retrouve chargée en nitrates et en phosphates, qui sous l’effet de la chaleur, vont contribuer à la formation de millions d’algues vertes microscopiques. Privée d’oxygène à cause de ces algues, la mer étouffe. Et ce qui formait sans doute l’un des plus beaux paysages marins du monde se transforme en marais verdâtre.   Les images de ce processus sont terrifiantes. Elles montrent un territoire grand comme deux fois la Belgique transformé en cimetière. Rien n’y survit, rien n’y pousse. L’eau y est plus verte et trouble que dans la Seine. Et pour l’instant, l’espoir n’est pas permis. 

 
 
 

Qui pour s’en soucier ?

En effet, les agriculteurs américains semblent peu se soucier de ce qui se passe en dehors de leurs champs. Tant qu’on ne leur achètera pas plus cher leur maïs, pas question qu’ils dépensent un centime pour l’écologie. Certains vont jusqu’à dire que le problème existait avant eux, qu’il continuera à exister après, et qu’ils ne sont donc pas responsables.
D’autres accusent à tort la catastrophe pétrolière de Deepwater Horizon, dont les effets sur l’environnement – bien que catastrophiques, n’ont rien à voir avec la prolifération d’algues.
Alors que faire face à si peu de conscience environnementale ? Peut-on compter sur l’Etat pour régler les choses ? A priori non, tant nos voisins transatlantiques goûtent peu l’interventionnisme. Il y a bien des associations, mais sans verser dans le complotisme, leur poids reste faible face aux puissants lobbies agricoles américains, notamment celui de la viande. Car encore une fois, notre consommation de viande n’est pas tout à fait étrangère à tout cela.

 
 
 
 

La viande encore et toujours

L’élevage de viande demande de produire des quantités de céréales astronomiques pour la nourrir. 70 % des terres agricoles mondiales sont d’ailleurs utilisées pour la production d’animaux. Parmi ces terres, on retrouve donc les immenses champs de maïs du Mississipi, qui viennent engraisser les élevages industriels de poulets ou de bœuf.

On pourrait croire que le problème ne concerne que les Etats-Unis. Mais les américains ne sont pas les seuls à détruire leur littoral pour soutenir leur alimentation hyper-carnée. On estime en effet que près de 500 zones mortes existent à la surface du globe. Et à chaque fois, le mécanisme est similaire : un rejet massif de phosphates et de nitrates contenus dans les engrais ou dans les déjections animales permet la prolifération des algues vertes. La France n’est d’ailleurs pas épargnée. Chaque été, certaines plages de Bretagne sont touchées, à cause des élevages de porc de la région. Et le jour où le magnifique golfe du Morbihan refera l’histoire du golfe du Mexique, on aura tous l’air de jambons.

 

Sources  

The Guardian: Meet industry and dead zone in Mexico Gulf

France Tv : Golfe du Mexique, un paradis empoisonné


 
 
   
   
 
 

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